Canadian Journal of Learning and Technology

Volume 30(1) Winter / hiver 2004

Éditorial

François Desjardins

Depuis un peu plus de deux ans, cette revue a non seulement repris un sérieux gain de vie mais aussi a-t-elle fait peau neuve grâce aux efforts des professeurs Richard Kenny et Mary Kennedy. Dans la foulée de ces changements, la « Revue Canadienne de l'Apprentissage et de la Technologie » en ajoutant une version française au nouveau titre, affichait officiellement son caractère bilingue reflétant naturellement son mandat véritablement canadien. Ayant participé comme membre du comité de rédaction depuis ce moment, j'aurais dû m'attendre à éventuellement recevoir un appel du rédacteur en chef pour lui prêter main-forte du côté francophone. Ceci étant dit, j'ai accepté avec plaisir d'agir comme rédacteur adjoint contribuant ainsi au caractère bilingue de la revue.

Le fait d'envisager une telle responsabilité a cependant entraîné une réflexion sur la définition d'une revue scientifique arbitrée ce qui m'a renvoyé rapidement à la nature même de ce qu'est «académique». Ce titre, comme celui d'«universitaire», implique un travail relativement solitaire visant l'élaboration d'idées, de modèles et de théories pour tenter d'expliquer de petites parties de l'univers qui nous entoure. Ce travail implique parfois des expériences pour valider ou réfuter des hypothèses tandis qu'en d'autres moments, la tâche conduit à la réflexion pour réviser ces modèles. Ce travail solitaire présente cependant un problème: la connaissance ne sert à personne si elle n'est partagée, et de plus, elle ne peut progresser si elle n'est mise à l'épreuve. Une revue scientifique arbitrée vise donc justement à remédier à ce problème, premièrement en offrant une occasion de soumettre chaque article à un examen par les paires c'est-à-dire à un questionnement par d'autres experts du domaine. Deuxièmement, après ce premier processus, si un texte est jugé acceptable pour la publication, une diffusion par le biais de la revue scientifique expose les idées des auteurs à un plus grand nombre de lecteurs. Ceci a comme effet de répandre rapidement les idées, et plus ces idées se répandent plus il y a probabilités que quelqu'un trouve des contres exemples, réfute une partie de ces modèles et donc permette à la science d'avancer en ouvrant à la proposition de nouvelles hypothèses plus complètes et plus puissantes. Dans une telle perspective, si l'on accepte l'argument popperien que la connaissance augmente par un processus de conjectures et réfutations successives, les revues scientifiques arbitrées sont les moteurs de ce processus en permettant au chercheur de soumettre ses modèles et ses résultats de recherche à l'examen publique.

La recherche qui considère la technologie comme un élément important de l'environnement d'apprentissage contemporain ayant été mon champ d'intérêt et d'étude depuis plusieurs années ainsi que le privilège d'occuper un poste académique dans ce domaine à l'Université d'Ottawa ont fait en sorte que d'accepter l'invitation des professeurs Kenny et Kennedy de travailler avec eux dans ce projet devient pour moi une belle occasion de faire le prochain pas.

Cette revue, comme toutes les revues scientifiques, se doit de se rappeler ce rôle fondamental de favoriser la diffusion ouverte et honnête de ces résultats d'expériences, de ces énoncés théoriques importants et ainsi de véritablement favoriser l'avancement des connaissances de ce domaine situé à l'intersection entre l'apprentissage et les technologies et ce, dans le contexte particulier de la francophonie pancanadienne. C'est donc dans cette perspective que je compte faire une contribution à la publication de cette revue que je considère comme si importante à notre domaine, en particulier pour tous les chercheurs y oeuvrant en français au Canada.


ISSN: 1499-6685