Le numérique comme fait social total
DOI :
https://doi.org/10.21432/cjlt28463Mots-clés :
Anthropologie des usages, Pratiques numériques éducatives, pandémie, fait social totalRésumé
Cet article questionne les dimensions personnelles et collectives des parcours d’appropriation des technologies numériques par les enseignants, les élèves et les familles en se focalisant sur l’évolution de leurs pratiques numériques durant les confinements de 2020 à 2022 en France. Une approche qualitative par entretiens ethnographiques et observations participantes vient compléter les données quantitatives recueillies à partir de cinq enquêtes. Les résultats présentent différentes dynamiques d’appropriation et questionnent les relations entre les différents acteurs. Nous constatons qu’en étudiant les usages des technologies numériques on peut saisir les trois dimensions essentielles du fait social total : sa profondeur historique notamment au niveau des techno-imaginaires ; les signaux faibles qui émergent des nombreuses études d’usages et enfin les transformations psychodynamiques à la fois individuelles et collectives dans la construction des normes sociales d’usages du numérique, particulièrement perceptibles en éducation depuis la pandémie. Ces travaux éclairent et interrogent les représentations, les usages et les imaginaires liés au numérique dans l’éducation et, en particulier, la notion contestable de « digital native ». L’analyse des signaux faibles et des transformations psychodynamiques à l’œuvre pendant les différents confinements atteste d’une contagion du dessaisissement parental vis-à-vis du numérique vers un dessaisissement éducatif et appelle à un ressaisissement collectif.
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